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«Ajouter de la vie aux années»

Les étudiants en médecine de Saguenay expérimentent la thérapie par l'aventure, une approche destinée aux enfants malades

20 novembre 2008

Annik Gareau

Depuis trois ans, les nouveaux étudiants en médecine du Campus conjoint de Saguenay ont trouvé un moyen original de tisser des liens entre eux et de découvrir une facette de leur métier qui n'est pas nécessairement incluse dans leur cursus habituel. Durant une journée et demie, ces futurs médecins expérimenteront la thérapie par l'aventure.

Pour ce faire, l'Association des étudiantes et étudiants de médecine de l'Université de Sherbrooke du campus de Saguenay fait appel à la Coopérative d'intervention par la nature et l'aventure du Québec (INAQ). Cet organisme basé à l'Université du Québec à Chicoutimi se spécialise dans l'intervention éducative et thérapeutique par la nature et l'aventure.

«Nous voulions que l'équipe INAQ fasse vivre à nos étudiants de première année une expérience semblable à celle qu'elle fait vivre à des enfants malades, surtout atteints du cancer», explique Danny Maltais, représentant de la promotion 2011 au site de Saguenay. «L'activité permet à ces enfants de vivre une situation à laquelle les jeunes ne sont pas habitués, afin de leur faire découvrir toutes les capacités et les exploits qu'ils sont capables d'accomplir eux-mêmes. Le projet se tient sur plusieurs jours et consiste en une expédition. C'est une question d'espoir et de joie de vivre malgré leur situation», précise-t-il.

Le 28 novembre, les étudiantes et étudiants de 1re année en médecine se rendront donc dans un chalet du mont Lac-Vert pour vivre l'expérience du rapprochement social et du renforcement de la confiance par l'aventure. Les activités se dérouleront en plein air et seront dirigées par un animateur professionnel.

La série d'activités d'aventure choisie par l'INAQ vise à ce que les étudiantes et étudiants apprennent à se connaître sous un autre aspect que celui de la médecine, c'est-à-dire en dehors du contexte scolaire et académique. «Ils passent du mode étudiant au mode humain», explique Sylvain Turgeon, directeur général de la coopérative. Les activités auront aussi pour but d'amener à un autre niveau la confiance avec laquelle les étudiants mènent leur vie : «Les jeux et défis organisés permettent aux participants de découvrir l'importance que la confiance peut avoir au sein d'un groupe. On sous-estime souvent l'importance de la relation de confiance mutuelle du médecin avec son patient et du médecin avec ses collègues de travail», raconte Danny Maltais.

Plaisir et réflexion

L'autre point vers lequel le choix des activités a été dirigé, c'est d'inspirer les étudiantes et étudiants à une approche alternative par la nature et l'aventure. La méditation, la naturopathie ou la pensée positive : force est de constater l'intérêt que suscitent les approches alternatives. Mais qu'en pensent les étudiants en médecine? «Nous croyons que la médecine alternative prendra de plus en plus de place dans les mœurs des gens. On s'entend pour dire qu'elle ne pourra probablement jamais traiter un cancer, mais si elle peut raviver l'espoir, la joie de vivre et améliorer la qualité de vie, ce n'est aucunement négligeable», explique Danny Maltais.

Nombre de programmes à l'Université organisent des activités en nature destinées aux étudiants, que ce soit des excursions en montagne ou du canot-camping. En quoi la coopérative INAQ se distingue-t-elle des entreprises de tourisme d'aventure? «Les activités d'aventure et les expéditions que nous offrons sont planifiées, séquencées et animées pour atteindre un objectif d'éducation ou de thérapie. Ça va au-delà de l'aspect plaisir. Au plaisir s'ajoute l'aspect réflexif», répond Sylvain Turgeon.

Le patient avant le symptôme

Pour la majorité des étudiants qui en ont fait l'expérience, la pertinence et l'importance d'un tel projet au sein d'une formation médicale ne fait pas de doute. «Comme le professeur Réjean Hébert à la Faculté de médecine et des sciences de la santé nous l'a si souvent répété, il ne faut pas seulement penser à ajouter des années à la vie, mais il faut également ajouter de la vie aux années», explique le futur docteur Maltais. Ainsi, la guérison n'est pas seulement un processus physique, mais un processus psychologique et spirituel. «Il faut toujours garder à l'esprit que nous traitons un patient et non un symptôme», dit-il.

De toute évidence, le programme de médecine de l'Université de Sherbrooke est très centré sur son patient et son bien-être.